Commandant Latrabe - BERNARD YVES QUERUEL 90 mm
Montage et peinture par Raphaël MAJOLI
Cette pièce, sculptée par B-Y Queruel, fut offerte aux médaillés du concours de Sèvres en 2008 je crois...
André l'avait brillamment obtenu... j'ai du me résoudre à l'acheter en même temps cela faisait 2 mois que je découvrais la peinture sur figurine, il ne fallait pas croire que j'avais peint quoi que ce soit.
J'ai tout de suite été saisi par la noblesse du visage... mais j'ai mis 4 ans avant de me décider à le faire enfin, succombant ainsi à la mode des bustes. C'est mon premier, je réclame donc l'indulgence des spécialistes du genre... de toutes façons un tutoriel s'adresse d'abord aux néophytes non?
Tout d'abord, vu que c'est l'Histoire qui m'a amené à peindre, vous n'échapperez pas à un petit historique! Au passage je tiens à remercier André Lallemand (de chez bosch... et c'est de circonstances ici ) qui m'a littéralement mâché le travail concernant les décorations!
Le commandant Latrabe est un des héros de ceux que les allemands surnommèrent par respect les Diable Bleus (“Schwarzen Teuffel” [littéralement : diables noirs], mais les chasseurs ne meurent qu'en bleu alors en français c'est devenu les Diables Bleus)...
Allez, s’y connaissaient un peu"
Petit panégyrique
En 1903 il est lieutenant instructeur au 159ème Régiment d'Infanterie Alpine où il mène la première expérimentation de ski dans l'armée française. Il est muté ensuite au 2ème régiment Etranger qui opère alors au Maroc en pleine rébellion (région d'Oujda). Il retourne à ses premières amours le 27 Août 1913 quand il est affecté comme capitaine à la 4e Compagnie du 14e Bataillon de Chasseurs alpins (débarqué à l'automne 1912 à Casablanca à la demande de Lyautey qui voulait des unités spécialisées de Montagne pour réduire la rébellion). La campagne durera de décembre 1912 à juillet 1914 le bataillon parcourant plus de 1500 km à pied rien qu'entre avril et juillet 1913!. Le capitaine Latrabe y gagnera notamment (de gauche à droite) la médaille coloniale, Le Ouissan Alaouite (chevalier, à priori) et sera fait officier du Nichan Ifthikar (gagné avec le 2ème RE). Il aura aussi la médaille du Maroc.
Au déclenchement de la Guerre de 1914, son bataillon est rappelé en France. Il est alors officier de la Légion d'honneur.
Durant toute la guerre il va se distinguer dans le plus pur esprit chasseur, habile, tenace et intelligent. Cet esprit chasseur que le Maréchal Lyautey avait si bien décrit en 1930 : "L'Esprit Chasseur ? C'est d'abord l'esprit d'équipe... La rapidité dans l'exercice de gens qui "pigent" et qui "galopent". C'est l'allant, c'est l'allure, c'est le chic, c'est servir avec le sourire, la discipline qui vient du cœur, c'est le dévouement absolu qui sait aller, lorsqu'il le faut, jusqu'au sacrifice total."
Il façonne à son image le 30ème BCA de 1915 à 1922 (date de son départ en retraite).
Ainsi celui-ci est cité par le Général Debeney à l'ordre de l'armée N°157 du 30 septembre 1918:
Le 30ème Bataillon de Chasseurs Alpins :
Sous les ordres du commandant LATRABE, chef superbe de froide bravoure et de sage énergie, aimé et suivi de sa troupe qu'il a faite à son image, a pendant cinq jours de combats les plus rudes, conquis deux lignes de tranchées fortement occupées, progressant sur une profondeur de 5 kilomètres, faisant subir à l'ennemi des pertes importantes, lui capturant de haute lutte 145 prisonniers, 2 canons, 28 mitrailleuses et un matériel de toute nature dont 5 canons et 2 dépôts de munitions d'infanterie et d'artillerie.
Au cours de la première guerre mondiale, il va avec son bataillon, s'illustrer des Vosges à la Somme, de l'Aisne à l'Italie récoltant au passage :
la Croix de Guerre 14-18 avec palmes (multiples citations à l'ordre des armées et étoile de Vermeil (citation à l'ordre du corps d'armée le 15 sept 1916)) et la croix de chevalier de la couronne d’Italie.
Il est à l'origine en 1916 de l'insigne du 30ème BCA : le chamois dans le cor des chasseurs.
Première étape : le sous-couchage
Deuxième étape : la mise en couleur
À noter que les officiers portaient une vareuse d'un noir bleuté... rendre ce noir sans en faire un noir est extrêmement difficile à mon niveau, et puis pour moi, petit fils de chasseur alpin, "les chasseurs ne meurent qu'en bleu" (chant de la Protestation) j'ai donc choisi de forcer le bleu quitte à choquer les puristes d'uniformologie
J'utilise pour la mise en couleur l'humbrol enamel matte avec les références suivantes:
noir:33, chair:63, rouge:60, bleu:25
Troisième étape
Encore une fois je vais choquer je ne commence pas par le visage! j'adore cette magie de faire le visage plus tard... sinon j'ai l'impression qu'il est nu !
Je place d'abord les ombres: Noir de Vigne puis je couvre le reste de la surface de Bleu Identhrène (choix personnel... j'aurais pu mettre du bleu de Prusse... au bout de quelques années ce bleu aurait noirci et ainsi rejoint l'exactitude uniformologique) et je fond enfin j'éclaire au blanc de titane.
Je procèderai de même pour la tarte.
Quatrième étape : le visage
Tout d'abord la palette.
La teinte chair (base) est obtenue par un mélange Blanc de Titane, TSN, Ocre jaune (tous de chez Rembrandt)
Je crée une Ombre 1 en ajoutant de la TSN à la base
Ombre 2 en ajoutant de la TSN à l'Ombre 1 (ceci me permet de mieux contrôler les teintes)
Lumière 1 en ajoutant du blanc de titane à la base
Lumière 2 en ajoutant du blanc de titane au clair 1
Ceci me donne un jeu à 7 teintes (en comptant la TSN pure (ombres ultimes) et le blanc de titane pur (éclairage final))
Visage phase 1 : Poser les ombres
Essentiel d'un buste c'est le visage, C'est donc dessus que porte le pas à pas!
Je pose l'Ombre pure avec un pinceau 0 un fin filet coté gauche du menton, derrière l'oreille droite, autour de la barbe(à la gorge) et à la conjonction oeil/nez et au ras de la tarte.
Je pose l'Ombre 2 sur le front (ombre de la tarte), au ras des cheveux, le long du col, sous les arcades, les paupière, sous les yeux les plis des ailettes du nez, l'intérieur de l'oreille, la mâchoire droite (à droite) et les lèvres.
Je pose enfin l'Ombre 1 sous les tempes, en bordure de l'ombre 2 : du cou, sous les pommettes, le nez (coté gauche).
et je fond le tout (et au passage un trait d'ombre pur rajouté sur le front pour faire une ride (visage plus vivant) Attention: essuyer très souvent le pinceau.
Visage phase 2 : appliquer la base
J'applique la base sur toutes les surfaces restantes.
et je fond le tout en prenant bien soin d'essuyer très souvent mon pinceau.
Visage phase 3 : appliquer les lumières
J'applique les premières lumières.
Lumière 1 sur le lobe de l'oreille droite, les deux cotés de la machoire inférieure , cou (droite), le haut des arcades, le front, la pommette gauche, juste au dessus de la ride créée sur le front, la paupière gauche et entre les 2 yeux.
et je fond l'ensemble.
Ici intervient une petite étape de correction permise par le fait que les premières lumières permettent de mieux appréhender le placement des ombres. selon le résultat desiré, je tire l'ombre vers la base ou la base vers l'ombre, je rajoute une pointe d'ombre pure si nécessaire. observez les petites différences entre la photo de gauche (avant) et la photo de droite (après).
Je pose maintenant la lumière 2 A droite:sur le haut du front et en arrière de la tempe . A l'arrière de la mâchoire inférieure, muscle mastoïdien (pour bien le faire ressortir), arcade, partie supérieure de la pommette et à gauche... sur la narine seulement!
et je fond l'ensemble en tirant bien la lumière.
Une pointe de lumière pure sur l'arète du nez, la tempe droite le sommet des pomettes et de l'oreille, aux extrémités des arcades et au sommet des paupières et c'est fini pour le visage.
(ici je suis désolé pour les photos, j'ai travaillé toute la semaine le soir et la le samedi c'est en plein jour et la luminosité n'est pas la même).
Le fond des yeux est réalisé avec la lumière 3 puis une pointe de blanc (posée à 45° du regard) fondue et les yeux avec de la terre d'ombre. (un souci non corrigé: les pupilles sont pointées en creux: j'aurai dû les combler avec du mastic car du coup ce n'est pas facile pour le pinceau... ça m'apprendra à demander conseil !).
Les lèvres sont réalisées en ajoutant une pointe de rouge cadmium foncé à la base.
Cinquième étape: le reste !!!
Que nous reste-t-il ?
Le baudrier, le ceinturon, les galons et marques de bataillon, la fourragère et et les décorations.
Baudrier et ceinturon
Je couvre de Noir de vigne, j'appose la lumière (Blanc de titane +pointe de TSN) Les ombres sont réalisées au noir de bougie.... avec le recul je trouve mon baudrier bien terne (ce qui est surprenant pour de la peinture à l'huile) et pas assez éclairé... je le reprendrai un de ces quatre.
Les boucles sont réalisés en peinture bronze cuivré.
Fouragère
Réalisée au rouge de cadmium foncé, je l'éclaire à l'orange de cadmium sur chaque partie saillante de la tresse (c'est laborieux) je fond, j'ajoute une poinde de cadmium sur les parties saillantes de la tresse située en haut et je fond. je coule enfin un jus de rouge de cadmium/bleu idanthrène dans les creux.
Décorations
Rien de particulier à signaler (sauf que le nissam alaouite est bien caché derrière la Légion d'Honneur et le Nissam alaouite), la documentation est présente plus haut).
Galons, insignes de bataillon et boutons
Tout est réalisé à partir d'un gris bleuté (gris de payne+blanc de titane) avec une pointe de poudre d'aluminium (mélangée au préalable) pour une raison assez simple: les boutons métalliques sont "teintés" par le tissu, les galons sont argentés et non dorés puisque les chasseurs alpins sont des unités d'élite.
Les insignes de bataillon sont jonquille (jaune de cadmium) sur fond bleu (identhrène).
Chevelure et Barbe
Les cheveux et la barbe sont réalisés de la manière suivante: peinture gris de payne +pointe de blanc, éclaircie au blanc de titane puis, après séchage, jus de noir de vigne (le but est qu'il soit "poivre et sel" ça fait sérieux ).
Et voilà le résultat final !
Voili Voilou... je crois que j'ai dit l'essentiel.
Raphaël